Coronavirus : comment protéger les bébés, les enfants et les femmes enceintes ou allaitantes ?
Alors que l’épidémie de coronavirus Covid-19 prend un nouveau tournant en Europe, nous faisons le point sur les cas recensés, les risques de contamination et les précautions à prendre en période de grossesse, mais aussi pour le bébé et l’enfant.
Covid-19 est un virus appartenant à la famille des coronavirus, tout comme l'était le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoV) ou le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS-CoV). Cette famille comprend un grand nombre de virus pouvant provoquer des maladies très diverses, allant d’un banal rhume au SRAS et au Covid-19.
Le point sur la contamination par le Covid-19
Au 5 mars 2020, environ 100 000 cas ont été recensés dans le monde, et on déplore environ 3 346 décès, essentiellement en Chine. Les cinq continents sont désormais touchés, et le virus est présent dans 83 pays. Les principaux foyers du Covid-19 sont la Corée du Sud, Singapour, l'Iran et l'Italie.
En France, au 5 mars 2020 à 16 heures, 423 cas et 7 morts ont été recensés, selon le dernier bilan publié par Santé Publique France.
Masques, gel hydroalccolique : les dernières mesures
Dans un message publié sur Twitter, le président Emmanuel Macron a annoncé le 4 mars 29020 la réquisition des masques de protection, afin de les distribuer aux soignants et aux personnes déjà touchées par le virus.
Pour éviter les pénuries et les hausses de prix, le gouvernement a pris le 5 mars un décret pour encadrer les ventes de masques et de gel hydro-alcoolique.
Ainsi, les masques de protection ne sont désormais délivrés, en pharmacie, que sur prescription médicale. Quant aux gels hydro-alcoolique, un décret bientôt publié au Journal Officiel va encadrer strictement leur prix de vente. Depuis le début de l’épidémie, de nombreux points de vente avaient en effet profité de l’anxiété ambiante pour faire monter les prix.
Cette pathologie se transmet par voie aérienne, via les postillons (éternuements, toux…). On considère actuellement que les contacts étroits et rapprochés avec une personne malade sont nécessaires pour transmettre le virus : même lieu de vie, contact à moins d’un mètre lors d'un épisode de toux, d’une discussion ou d’un éternuement en l’absence de mesures de protection (port de masque chez le malade).
Les estimations actuelles convergent vers une période moyenne d’incubation, c’est-à-dire entre la date d’infection et l’apparition des symptômes, allant de six à douze jours. Comme elle pourrait parfois atteindre 14 jours, l’Organisation mondiale de la santé recommande que les contacts des cas confirmés, ainsi que les personnes ayant fréquenté des zones géographiques touchées, soient isolés et suivis pendant 14 jours.
C’est d’ailleurs le délai de “quarantaine” que le ministère de l’Education nationale a institué le 24 février 2020 concernant les écoliers, collégiens et lycéens revenus de séjours en Chine, en Corée du Sud, à Singapour ou au nord de l’Italie.
Fièvre, toux et difficultés respiratoires sont les principaux symptômes du coronavirus Covid-19. Bref, les premiers symptômes sont très semblables à ceux d’une grosse grippe. Mais si la maladie évolue, notamment en l’absence de prise en charge rapide et adéquate, des complications respiratoires peuvent survenir et s’aggraver dans le temps jusqu’à occasionner une pneumonie, un syndrome respiratoire aigu sévère, une insuffisance rénale voire, dans de rares cas, le décès.
Si à ce jour, aucun traitement spécifique n’a été mis au point, plusieurs traitements utilisés pour d’autres pathologies (notamment le paludisme) sont en cours d’évaluation. Dans l’attente qu’un traitement adéquat et efficace soit mis en place, le traitement du coronavirus Covid-19 est symptomatique, et consiste donc à prendre en charge les symptômes.
Actualisé en temps réel, le site "Coronavirus COVID-19 Global Cases" mis au point par le Johns Hopkins Center for Systems Science and Engineering (CSSE) répertoriant les cas de contamination peut permettre à chacun de se rendre compte de l’ampleur réelle de l’épidémie, mais aussi du nombre de personnes qui ont été infectées mais qui en sont aujourd’hui guéries.
Hormis éventuellement les patients ayant été infectés et ayant guéri, personne n’est véritablement à l’abri d’une infection par le nouveau coronavirus. Autrement dit, toutes les populations, bébés, enfants et femmes enceintes y compris, sont susceptibles de contracter le virus.
Cela étant, d’après les données existantes et qui concernent des milliers de malades en Chine, d’où le virus s’est répandu, les enfants semblent plutôt épargnés. Ils sont relativement peu touchés, et lorsqu’ils sont infectés par le Covid-19, ils présentent plutôt des formes bénignes.
Notons que les scientifiques ne savent pas encore bien pourquoi les enfants sont moins touchés : ce peut être parce qu’ils ont été moins exposés en premier lieu, parce que leur corps réagit au virus différemment, ou encore parce que les adultes atteints se tiennent à distance des enfants, ou les trois phénomènes à la fois.
Fin janvier, la vidéo d’un bébé de 9 mois infecté et séparé de son père avait ainsi ému la toile et fait le tour du monde. L’enfant, qui était alors le plus jeune malade du coronavirus au monde, s’est bien remis et a pu sortir de l’hôpital dans les bras de son papa.
Globalement, les cas graves d’infection au Covid-19 et les décès semblent davantage avoir lieu avec l’âge et l’existence de pathologies préexistantes. Les personnes âgées et/ou atteintes de maladies chroniques telles que l’hypertension ou le diabète semblent plus à risque de développer des formes sévères de la maladie, voire d’en décéder.
Ce qui n’empêche pas l’OMS de recommander à toutes et à tous de prendre des précautions pour éviter de contracter, et de transmettre le virus.
Dans les colonnes de Business Insider, des spécialistes se félicitaient mi-février de cette moindre prévalence de cas chez les enfants, car ceux-ci sont moins susceptibles que les adultes de respecter les mesures d’hygiène recommandées (port du masque notamment). “Si nous pouvons protéger les enfants - d’une part, c'est bon pour eux, mais d’autre part, c'est bon pour la population”, avait ainsi déclaré à Business Insider Aaron Milstone, épidémiologiste et professeur de pédiatrie à l'Université Johns Hopkins. “S'il pénètre dans la population pédiatrique, cela pourrait amplifier l'épidémie”, avait ajouté la spécialiste.
Début février, alors que l’on ignorait totalement si ce nouveau coronavirus pouvait franchir la barrière placentaire et affecter le fœtus d’une mère atteinte, la chaîne de télévision publique chinoise CCTV a rapporté un cas très probable de transmission mère-enfant durant la grossesse. Le virus a en effet été détecté chez un nouveau-né trente heures après sa naissance, alors que sa mère venait de contracter le Covid-19 durant sa grossesse. Le bébé souffrait d’essoufflement, et des signes
d’infection ont été observés sur ses radiographies pulmonaires. Bien qu’il soit difficile de dire si l’enfant a été infecté durant la grossesse ou au moment de sa naissance, les médecins de l’hôpital pour enfants de Wuhan ont indiqué qu’il fallait envisager comme possible la transmission du virus de la femme enceinte à son fœtus.
On conseille donc aux femmes enceintes, comme pour les autres maladies à transmission inter-humaine (grippe saisonnière, gastro-entérite) de garder leurs distances avec les personnes malades, ne serait-ce que par précaution. Les gestes “barrière” (lavage des mains, distance de sécurité, utilisation de mouchoirs à usage unique…) recommandés par l’OMS sont donc à adopter avec soin.
A ce jour, il n’existe aucune preuve que le coronavirus passe dans le lait maternel des femmes atteintes du Covid-19 et allaitantes. Lors de l’épidémie de SRAS-Cov (“cousin” du Covid-19) en 2002-2003, des anticorps dirigés contre le virus avaient été retrouvés dans le lait maternel de femmes infectées, mais pas le virus en lui-même.
“Compte tenu des bienfaits de l’allaitement et du rôle insignifiant du lait maternel dans la transmission d’autres virus respiratoires, la mère peut continuer d’allaiter, tout en observant les précautions nécessaires”, estime de son côté l’Unicef. Le Fonds des Nations unies pour l'enfance conseille toutefois aux mères allaitantes vivant dans les régions touchées de consulter rapidement en cas de symptômes (toux, fièvre, difficultés respiratoires). En cas de symptômes, il est conseillé aux femmes qui allaitent de bien suivre les règles d’hygiène recommandées, en portant un masque y compris lorsqu’elles donnent le sein, en se lavant les mains avant et après contact avec leur bébé et en désinfectant les surfaces contaminées. Si elles sont trop malades pour allaiter, l’Unicef estime que les mères atteintes du Covid-19 doivent être encouragées à tirer leur lait et à le donner à l’enfant via un récipient de type cuillère ou coupelle.
Davantage que le port d’un masque (qui est surtout essentiel chez les personnes chez qui l’infection est avérée, mais qui présente peu d’intérêt chez les autres), l’Organisation mondiale de la Santé recommande de respecter des mesures “barrières”. Celles-ci sont d’ailleurs efficaces et recommandées contre la plupart des virus respiratoires, dont la grippe.
En voici les principales :
- se laver les mains fréquemment et consciencieusement, à l’eau savonneuse ou, à défaut, avec une solution hydroalcoolique ;
- se couvrir la bouche et le nez avec le pli du coude ou un mouchoir à usage unique lorsque l’on tousse ou éternue, puis se laver les mains ;
- éviter autant que possible les contacts rapprochés, a fortiori avec les personnes revenant de zones touchées et/ou présentant des symptômes (toux, éternuements, fièvre…) ;
- éviter de se toucher le nez, la bouche et les yeux avec des mains sales, car celles-ci peuvent transporter le virus.
Notons que le risque d’être infecté par le coronavirus en touchant un objet importé de Chine est considéré comme extrêmement faible. Les mesures d’hygiène standard (lavage des mains, nettoyage des surfaces) sont jugées efficaces. Enfin, les voyages dans les zones dites à risque sont déconseillés, sauf raison impérative.
Si l’on revient d’une zone à risque, les mesures nécessaires durant les 14 jours après le retour, sont les suivantes :
- Surveiller sa température deux fois par jour à l'aide d'un thermomètre ;
- Surveiller l’apparition de symptômes d’infection respiratoire (toux, difficultés à respirer…) ;
- Eviter tout contact avec les personnes fragiles (femmes enceintes, malades chroniques, personnes âgées…) ;
- Eviter de fréquenter des lieux où se trouvent des personnes fragiles (hôpitaux, maternités, structures d’hébergement pour personnes âgées…) ;
- Eviter toute sortie non indispensable (grands rassemblements, restaurants, cinéma…).
Les femmes enceintes sont-elles plus à risque d’infection au coronavirus ?
A ce jour, il existe peu de données pour évaluer la sensibilité des femmes enceintes au coronavirus COVID-19. Mais on sait que les femmes enceintes subissent des changements immunologiques et physiologiques qui peuvent les rendre plus sensibles et plus à risque de complications aux infections virales respiratoires. Cela a été le cas avec de précédents épisodes d’infections à coronavirus (Sars-CoV à l’origine de l’épidémie de SRAS en 2003 ou le MERS-Cov)1 ou d’autres infections virales respiratoires comme la grippe ou la coqueluche, deux maladies face auxquelles les femmes enceintes doivent être vaccinées2.
A ce titre et en l’absence de vaccin disponible contre le nouveau coronavirus, les femmes enceintes sont invitées à suivre avec la plus grande attention les recommandations de prévention pour éviter les infections : se laver régulièrement les mains avec du savon et de l’eau pendant au moins 20 secondes (ou à défaut avec du gel hydroalcoolique), éviter les personnes malades, ne pas se toucher le visage, se couvrir le nez et la bouche avec un mouchoir ou le coude lorsque vous éternuez, nettoyer sa chambre et les objets courants, éviter les contacts proches et les lieux très fréquentés…
A l’heure actuelle, il n’existe aucune recommandation officielle concernant les femmes enceintes.
Les femmes enceintes sont-elles plus à risque de complications en cas d’infections ?
Là-encore, peu d’études permettent d’apporter une réponse claire sur les conséquences d’une infection pendant la grossesse pour la mère et le bébé.
Sur les deux rapports4,5 décrivant 18 grossesses de femmes infectées par le coronavirus Covid-19 (toutes infectées lors du dernier trimestre), les symptômes chez les mères sont similaires aux autres femmes. Sur les 19 naissances (un cas de jumeaux), 16 ont bénéficié d’une césarienne, des détresses fœtales ont été notés chez 6 femmes et 6 enfants sont nés prématurément. A partir de ces données très limitées, il est difficile d’en tirer des conclusions définitives.
En extrapolant à partir des autres cas d’infection par un coronavirus (SARS-CoV et MERS-CoV)6,7 pendant la grossesse, il semblerait que ces infections augmentent le risque d’accouchements prématurés, de fausses couches et de décès du fœtus. Par ailleurs, des fièvres élevées au cours du premier trimestre de grossesse peuvent avoir des conséquences sur le fœtus (risque plus élevé de malformations)8.
Les établissement hospitaliers sont conscients de ces risques et mettent en œuvre des procédures limitant les risques d’infections. Mais certains experts préconisent un dépistage systématique au coronavirus COVID-19, comme les autorités chinoises le recommandent déjà9.
Le virus peut-il être transmis au fœtus pendant la grossesse ?
Aujourd’hui, la transmission du coronavirus COVID-19 se fait essentiellement par contact étroit avec une personne infectée par le biais de gouttelettes respiratoires. On n’a peu de données concernant la possible transmission de l’infection de la mère au fœtus ou au nouveau-né par "transmission verticale" (avant, pendant ou après l'accouchement).
Selon la série limitée de cas récents de nourrissons nés de mères avec COVID-19 publiés dans la littérature médicale10, aucun des nourrissons n'a été infecté ; aucun virus n'a été détecté dans le liquide amniotique ou le lait maternel. Concernant les autres infections par coronavirus (MERS-CoV et SARS-CoV), les données sont limitées mais aucune transmission verticale n'a été signalée.
Il existe cependant quelques cas rapportés de nouveau-nés testés positifs au COVID-19, mais aucun n’a fait l’objet d’une évaluation médicale complète11, on ne peut donc savoir avec certitude comment l’infection a eu lieu et s’il peut se transmettre de la mère à l’enfant8.
Quels sont les risques pour les nouveau-nés ?
A ce jour, les risques pour le nourrisson à court et à long terme ne sont pas connus avec certitude. Selon l’une des études5, certaines enfants avaient des symptômes particuliers (détresse respiratoire, cyanose, saignements gastrique et un décès), mais aucun n’avait été testé positif au test de détection de l’infection. Le fait de garder l’enfant auprès de sa mère malade paraît peu recommandé12.
Par ailleurs, les données pour d'autres infections virales respiratoires pendant la grossesse (coronavirus mais aussi le virus grippal) ont rapporté des effets notamment un faible poids à la naissance et un accouchement prématuré. De plus, avoir un rhume ou une grippe avec une forte fièvre au début de la grossesse peut augmenter le risque de certaines malformations congénitales8.
Les effets sur le long terme sont à ce jour inconnus, au-delà des effets à long terme lié à un faible poids de naissance et une prématurité.
Le virus peut-il être transmis via l’allaitement ?
A ce jour, aucune étude n’a rapporté de preuve de la présence de virus dans le lait maternel des femmes infectées. Concernant le nouveau coronavirus, les tests effectués sur le lait de 6 femmes infectées ont tous été négatifs4. En extrapolant au virus du SRAS, le test du lait maternel d’une femme ayant guéri du Sars-Cov n’a pas révélé la présence de virus, mais des anticorps contre le virus13. A l’inverse, 6 autres cas ne présentaient ni trace de virus, ni d’anticorps14.
A ce jour, selon la publication la plus récente de l’American Journal of Obstetrics and Gynecology, les mères qui sont en bonne santé, qui ne sont plus susceptibles d’être infectieuses, sont donc encouragées à allaiter12.
Malgré des données limitées, les données préliminaires et les leçons des précédentes épidémies de coronavirus permettent de dire que l’infection au coronavirus-COVID-19 peut avoir des conséquences importantes chez les femmes enceintes. A ce titre, la recherche d’une grossesse en cours lors de la prise en charge pourrait être utile. La prise en charge rapide et efficace d’une possible détresse respiratoire doit pouvoir être mis en place pour le suivi des femmes enceintes infectées.
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